Ëtïtoponpë pihtële
Il était une fois en Amazonie… un fruit et des Hommes.
La culture des premiers peuples d’Amérique du sud est intimement liée au Jagua ou Genipa. Ce fruit possède certaines propriétés magiques. C’est Kuyuli, le démiurge, qui a inventé le Genipa en mélangeant des nids de fourmis ijuk avec de l’eau et grâce à l’aide d’esprits.
A notre tour aujourd’hui, et au fond pour les même raisons, nous inscrivons des signes sur notre peau avec ce même fruit.
A l’heure actuelle, plus de 200 groupes Amérindiens vivent au cœur de l’Amazonie. Des peuples différents mais réunis autour de traits culturels communs, notamment la pratique du tatouage temporaire et des peintures corporelles grâce au Jagua et au Roucou.
Dans une toute petite partie de la jungle mythique, en Guyane française, pas moins de 30 peuples cohabitaient à l’arrivée des colons européens. Malheureusement pour l’humanité, le siècle des “grandes découvertes” pour certains a été un siècle de grandes destructions pour d’autres. Ce sont principalement les maladies apportées par les nouveaux arrivants qui ont eu raison de la quasi-totalité des amérindiens. N’ont survécu jusqu’à nos jours que 6 groupes autochtones :
Kali’na, Teko, Wayana, Wayàpi, Lokono et Paykweneh.
Nous avons été fascinés par leurs histoires dans lesquelles le jagua est souvent évoqué. Les récits suivant ont été recueillis auprès d’un ancien, Kuliyaman, un tamousi ou tamo en langue Caribe.
Autrefois, toute la terre fut inondée et un seul homme réussit à survivre en montant sur l’arbre jagua. Il ne mangeait que le fruit du jagua, en raison de l’absence de toute autre sorte de nourriture. Il faisait toujours nuit et le niveau des eaux commençait à descendre doucement. L’homme, qui ne voyait rien car il faisait très obscur, essaya de tester la profondeur de l’eau.
Il jeta un fruit de Genipa et entendit “Tchkum !”.
C’est encore assez profond.
Plus tard, il lança un autre fruit, “Shka !” et la sonorité lui signala que le fond était tout près.
La troisième fois il entendit “Tiapp !”
“Voilà enfin le son de la terre humide.”
En attendant, l’arbre diminuait lentement et progressivement, tandis que la lumière augmentait peu à peu. L’homme descendit de l’arbre.
Les plumes d’aigle pija m’appartiennent !
On apporte les plumes d’aigle pija
Les plumes dansent
On apporte du genipa
Ils ont apporté du genipa pour que les jeunes soient étranges
Ils ont du kusipë
Qui rend belles les filles
Pour rendre belles les jeunes filles ils ont amené des plumes de queue de coq
Ils vont, étranges
Les danseurs sont étranges
Bien, le garçon est prêt.
On le roucoue :
– “Je vais te roucouer !”, lui-dit-on.
On dispose son siège, et l’on prépare ce qu’il faut pour le parer.
– “Non, je ne veux pas que l’on fasse comme ça!”, dit le garçon,
“Je vais juste boire du Génipa !”
Puis il boit le génipa : “gloup !”
Ensuite, juste après, les motifs de génipa ressortent sur lui, très nets et aussi très jolis.
“Dans la forêt verdoyante,
Mon ermitage,
Seuls le trouvent
Qui ont perdu leur chemin“